Anne et Martial
La pluie a chassé les passants
passants pressés en parapluie,
les enfants jouent aux caniveaux,
on referme ses contrevents,
l'asphalte luit
sous les autos
La pluie a noirci les façades
sans façon effacé les affiches
les cheminées de brique fument
une suie liquide embrigade
les maisons riches
qui s'enrhument
La pluie a mouillé les salades
les choux, les feuilles du lilas
au jardin soudain tout changé
cet automne a un goût très fade
le ciel est bas
comme étranger
La pluie a glissé aux vitrines
les mille gouttes de lumière
déchirent le visage des gens
qui sous le porche s'agglutinent
contre la pierre
sont deux amants
La pluie clapote sur les toits
et dégringole dans la dalle
le vent fait claquer le volet
dans la soupente, sous les toits,
Anne et Martial
se sont aimés
Francis BELLIARD