Aux chariots des jours

 

Aux chariots des jours qui roulent

Toutes les boussoles s’affolent

Toutes les forteresses croulent

Ils tuent les enfants des écoles

 

Aux chariots lourds des jours de fer

Le gris des gravats sous les bombes

Le roulement des chars de guerre

Les cris les crachats sur les tombes

 

Aux charrettes dans le silence

Flottent de noirs lambeaux d’étoffe

La vie a si peu d’importance

Sous le feu des Kalachnikov

 

Aux quatre vents des échafauds

Tout comme des épouvantails

Tout piquetés par les gerfauts

Cent cadavres, rouges poitrails

 

Aux bruits sinistres des convois

Ce sont des femmes que l’on viole

Ce sont des têtes que l’on voit

Roulant après qu’on les décolle

 

À la valse des corbillards

S’invitent la haine et la mort

En robe de suie et brouillard

Et blanc linceul au vent du nord

 

Aux déments charrois des vendanges

De ce vent de folie qui court

Ne viendra-t-il donc pas un ange

Sur cette Terre, portant l’Amour ?...