Ballade aux princes de ce monde



(En pensant très fort à Villon, dans sa « Ballade en vieil langage françois »)

 

 

Vous, de ce monde, petits ou grands,

De lin vêtus ou de nippaille,

Tout de cravates et de cols blancs,

Ou en vêtements de travail,

Que vous fassiez ou non ripaille,

Agités tels moulins à vent

Ou hirondelles au blanc poitrail,

« Autant en emporte ly vens ».

 

Or, que vous soyez président

Ou que vous soyez une racaille,

Et que vous soyez un tyran

Ou de la simple valetaille,

Il faudra bien, vaille que vaille,

A reculons ou en avant,

Quitter ce monde de mitraille.

« Autant en emporte ly vens ».

 

Que seront dès lors votre argent,

Vos biens, vos richesses de paille

Devenus si ce n'est que vent ?

N'êtes que tristes épouvantails,

Tout comme un troupeau de bétail

Vers l'abattoir courant, bêlant.

A quoi bon toutes vos batailles ?

« Autant en emporte ly vens ».

 

Princes de cour n'êtes que volaille.

Mais fîtes grand tort à vos gens.

N'êtes en fait que des détails.

« Autant en emporte ly vens ».

 

 Francis BELLIARD

La Bourrache, 28 novembre 2011