An xi

 

Tableau premier

 

La flûte

lointaine

sereine

par-dessus le jaune fleuve

et la rizière

 

Au bord du fleuve

la cabane du pêcheur au cormoran

 

La couche

dans la cabane

 

Des cris de femme

sur la couche

 

Dehors

gronde le tonnerre

martèle la pluie le toit de la cabane

 

La flûte

lointaine

sereine

par-dessus le jaune fleuve

et la rizière

 

D’entre les cuisses

jailli du ventre

dans la douleur

 

s’agitant dans un cri

vient

à la vie

An xi

 

 

Tableau second

 

Gronde l’orage

au dehors

 

La flûte

lointaine

sereine

par-dessus le jaune fleuve

et la rizière

 

 

sur la couche

crie la femme

 

 

comme au jour premier

sur la couche

An xi est nu

 

Sous lui et nue

la femme

dans laquelle il vient de s’anéantir

d’amour

 

la flûte

lointaine

sereine

 

par la porte restée ouverte

tombe la pluie sur les champs de riz inondés

 

 

Tableau dernier

 

La flûte

lointaine

sereine

t’apaise, An xi

 

An xi

si vieux

allongé sur ta couche

 

Et l’orage s’éloigne

 

An xi

attend

serein

 

A genoux et ridée

la femme

près de lui

pleure à petits bruits

 

An xi n’est plus

Il n’est

que

la flûte souveraine

la pluie sur la rizière et sur le fleuve

et

le tonnerre lointain…

 

 

Francis BELLIARD

La Bourrache, le 9 juin 2012