Vent d’ouest

 

Voici le vent venant du lointain océan,

Vent d’ouest humide courant sur la plaine assombrie,

Déversant ses averses sur les bois et les champs.

Aux horizons de plomb c’est un rideau de pluie.

 

Il enfle sa complainte aux cimes des ramures.

Du sous-bois me parvient l’agreste odeur d’humus

Et de mousse et de terre. Et dans ce clair-obscur

Les noirs flocons des feuilles tombent des cumulus.

 

Toutes choses se fondent : c’est la tombée du jour.

Les herbes et les arbres déchirent la pénombre

Qui gagne peu à peu, ennoyant les labours.

Au loin des feux clignotent qui s’accrochent aux ombres.

 

Ce vent d’ouest est glacial sur la plaine assombrie,

Et, sinistre, mugit en mordant les haubans

Du grand mât éolien érigé dans la nuit,

Comme d’un bâtiment sur les champs naviguant.

 

Francis BELLIARD