Les armoires
Ô , luisantes armoires
de nos grand-mères,
vous gardez la mémoire
de vos mystères.
En loupe de noyer,
d’aulne ou de chêne,
en hêtre, en merisier
ou bien en frêne,
vous êtes les gardiennes
de pieux secrets,
des dentelles anciennes
aux doux billets.
Adossées de guingois
à un mur blanc,
vous tenez tête au poids
de tous vos ans.
Et vos portes s’entrouvrent,
doucement grincent ;
la poussière qu’on y trouve
date des princes.
Au fond de vos tiroirs
de vieux atours
ou quelques vieux grimoires
dorment toujours.
Est cire votre patine,
si douce aux doigts,
quand le chiffon satine
tout votre bois.
Et quand viennent du soir
les derniers feux,
ô, luisantes armoires !…
quel éclat merveilleux !
Francis BELLIARD