Les encres de la nuit
Muette étendue des verdures : buissons, bois, champs lointains
jusqu'aux horizons infinis...
Silence...
Rien
ne bouge
alentour...
Voix d'un chien du village...
Appel lancinant d'un grillon
inscrit dans l'air du soir...
D'où vient
que soudain
toute herbe, tout arbre, toute chose
baignent dans les ténèbres ?...
...du ciel !
En tapinois,
la lumière du soir
s'est évaporée...
Venues d'orient
imperceptiblement
les encres de la nuit
ont envahi la grande page du ciel...
Telle un trou dans un buvard,
ronde et blafarde :
la lune...
Sa lumière semble venue de l'au-delà de la toile de la nuit,
fenêtre sur un autre monde...
Sur terre,
il naît alors
du sein de l'obscurité
une étrange lueur
que peut-être transpire l'immense et courbe voûte encrée...
La nuit verse sa paix
sur les champs au repos...
J'existe...
Francis BELLIARD