Volubilis
Ce matin,
dans mon jardin,
c'est inouï :
ipomée, joliment,
pendant la nuit,
tu avais déplié secrètement
ton parapluie !
Volubilis
de mon jardin,
qui t'enroules savamment
le long des tiges de mon jasmin,
tu n'es point lys,
ni myosotis,
car ta corolle,
large coupole,
en une nuit
s'est épanouie ! …
Quel bleu ! … Si pur
que l'on croirait éclat d'azur ! …
De plus sombres voisines
- tes cousines -
ont des tons de violet,
de mauves et de parme…
De moi secrètement vous seriez-vous éprises ?…
Est-ce pour moi cette surprise,
pour qu'en ouvrant tôt mes volets,
je découvre soudain vos charmes ? …
Pendant que je dormais,
gentilles ipomées,
vous vous êtes hâtées, dans le secret nocturne,
de défroisser votre jupon,
sous la lumière de Saturne.
Alors que s'enfuira Orion,
quel méchant gnome passant par là
la nuit prochaine vous flétrira ? …
Quel bien triste destin
que si belle parure,
ô fleur d'azur,
ne dure
qu'un matin ! …
Francis BELLIARD