Baltazar

 

 

"Ancora…Ancora…per favore, Baltazar, ancora…"

 

Buenos Aires.

Lumière tamisée. Bandonéon. Fumée épaisse des cigarillos. Les couples enlacés et lascifs, tournent dans des tangos infinis.

Il est assis. Seul. Le verre de bière à demi plein. Ses yeux semblent ailleurs. Deux larmes perlent sous ses paupières fripées.

 

*

*  *

 

Juana. Je t'aime. Que noirs sont tes yeux ! La chaleur de ton corps souple me saoule. Je t'entraîne dans des pas compliqués. Tu voudrais résister, mais je te serre plus fort encore. Tes reins se cambrent sous la pression de ma main droite. Tes doigts se crispent sous les miens. Tes seins pointent, je les sens sous l' étoffe légère, frottant contre mon torse. Nous tanguons, accouplés, comme une seule bête fauve, perdus dans la musique. Tes yeux ne cillent ni ne se détournent. La sueur orange de notre couple est un parfum de mangue amère.

 

Baltazar a des larmes qui roulent sur ses grosses moustaches grises. La bière dort dans son verre tiède. Par les portes et les fenêtres largement ouvertes entre à flots puissants la brise du soir, lourde des odeurs de la rue et du port.

Tes yeux se ferment et tu gémis. Tes reins courbés. Et tu gémis sous chacun de mes coups de boutoir.

Le parfum citronné de ton corps en sueur m'enivre.

"Ancora…Ancora…per favore, Baltazar, ancora…"

Le violon et le bandonéon tournent dans ma tête enfiévrée.

Je ne sais plus qui je suis. Où je suis. Et soudain, l'explosion du plaisir…Jailli dans l'ombre entre tes cuisses ouvertes. Ton orgasme au paroxysme. Tu cries dans mes bras qui t'étouffent. Tout tourne. Tango, étoiles, sorbets à l'orange et au chocolat. Tes baisers ont la saveur de la vanille.

"Mio amore…"

 

Sous les doigts du pianiste, Chopin égrène ses mélodies nocturnes d'oiseau blessé. La salle respire, suspendue à ses doigts. Tes doigts nerveux se croisent aux miens, moites, sur mon genou droit. Promesse pour la nuit qui vient…

 

*

*  *

 

"Señor Baltazar!… Señor Baltazar!…"

Le vieil homme se lève lourdement. Il coiffe son chapeau et repart dans la nuit chaude. Des éclairs zèbrent le ciel. Il tonne. Baltazar s'enfonce dans la nuit, s'appuyant péniblement sur sa canne.

 

 

*

*  *

 

L'arc bleuté crépite sur la ferraille. Le fracas des marteaux pilons. Les cris des ouvriers qui se hèlent. L'odeur spéciale de l'acier. La baguette fond sous la pression intermittente de mon poignet. On m'appelle. Je pose mon bouclier de quartz.

Tout bascule.

Jeanne!

Non! Ce n'est pas possible! Impossible. Juana! Il mio amore!…

Per che tu ?…



"Ancora…Ancora…per favore, Baltazar, ancora…"

 

Buenos Aires.

Lumière tamisée. Bandonéon. Fumée épaisse des cigarillos. Les couples enlacés et lascifs, tournent dans des tangos infinis.

Il est assis. Seul. Le verre de bière à demi plein. Ses yeux semblent ailleurs. Deux larmes perlent sous ses paupières fripées.

 

*

*  *

 

Juana. Je t'aime. Que noirs sont tes yeux ! La chaleur de ton corps souple me saoule. Je t'entraîne dans des pas compliqués. Tu voudrais résister, mais je te serre plus fort encore. Tes reins se cambrent sous la pression de ma main droite. Tes doigts se crispent sous les miens. Tes seins pointent, je les sens sous l' étoffe légère, frottant contre mon torse. Nous tanguons, accouplés, comme une seule bête fauve, perdus dans la musique. Tes yeux ne cillent ni ne se détournent. La sueur orange de notre couple est un parfum de mangue amère.

 

Baltazar a des larmes qui roulent sur ses grosses moustaches grises. La bière dort dans son verre tiède. Par les portes et les fenêtres largement ouvertes entre à flots puissants la brise du soir, lourde des odeurs de la rue et du port.

Tes yeux se ferment et tu gémis. Tes reins courbés. Et tu gémis sous chacun de mes coups de boutoir.

Le parfum citronné de ton corps en sueur m'enivre.

"Ancora…Ancora…per favore, Baltazar, ancora…"

Le violon et le bandonéon tournent dans ma tête enfiévrée.

Je ne sais plus qui je suis. Où je suis. Et soudain, l'explosion du plaisir…Jailli dans l'ombre entre tes cuisses ouvertes. Ton orgasme au paroxysme. Tu cries dans mes bras qui t'étouffent. Tout tourne. Tango, étoiles, sorbets à l'orange et au chocolat. Tes baisers ont la saveur de la vanille.

"Mio amore…"

 

Sous les doigts du pianiste, Chopin égrène ses mélodies nocturnes d'oiseau blessé. La salle respire, suspendue à ses doigts. Tes doigts nerveux se croisent aux miens, moites, sur mon genou droit. Promesse pour la nuit qui vient…

 

*

*  *

 

"Señor Baltazar!… Señor Baltazar!…"

Le vieil homme se lève lourdement. Il coiffe son chapeau et repart dans la nuit chaude. Des éclairs zèbrent le ciel. Il tonne. Baltazar s'enfonce dans la nuit, s'appuyant péniblement sur sa canne.

 

 

*

*  *

 

L'arc bleuté crépite sur la ferraille. Le fracas des marteaux pilons. Les cris des ouvriers qui se hèlent. L'odeur spéciale de l'acier. La baguette fond sous la pression intermittente de mon poignet. On m'appelle. Je pose mon bouclier de quartz.

Tout bascule.

Jeanne!

Non! Ce n'est pas possible! Impossible. Juana! Il mio amore!…

Per che tu ?…



"Ancora…Ancora…per favore, Baltazar, ancora…"

 

Buenos Aires.

Lumière tamisée. Bandonéon. Fumée épaisse des cigarillos. Les couples enlacés et lascifs, tournent dans des tangos infinis.

Il est assis. Seul. Le verre de bière à demi plein. Ses yeux semblent ailleurs. Deux larmes perlent sous ses paupières fripées.

 

*

*  *

 

Juana. Je t'aime. Que noirs sont tes yeux ! La chaleur de ton corps souple me saoule. Je t'entraîne dans des pas compliqués. Tu voudrais résister, mais je te serre plus fort encore. Tes reins se cambrent sous la pression de ma main droite. Tes doigts se crispent sous les miens. Tes seins pointent, je les sens sous l' étoffe légère, frottant contre mon torse. Nous tanguons, accouplés, comme une seule bête fauve, perdus dans la musique. Tes yeux ne cillent ni ne se détournent. La sueur orange de notre couple est un parfum de mangue amère.

 

Baltazar a des larmes qui roulent sur ses grosses moustaches grises. La bière dort dans son verre tiède. Par les portes et les fenêtres largement ouvertes entre à flots puissants la brise du soir, lourde des odeurs de la rue et du port.

Tes yeux se ferment et tu gémis. Tes reins courbés. Et tu gémis sous chacun de mes coups de boutoir.

Le parfum citronné de ton corps en sueur m'enivre.

"Ancora…Ancora…per favore, Baltazar, ancora…"

Le violon et le bandonéon tournent dans ma tête enfiévrée.

Je ne sais plus qui je suis. Où je suis. Et soudain, l'explosion du plaisir…Jailli dans l'ombre entre tes cuisses ouvertes. Ton orgasme au paroxysme. Tu cries dans mes bras qui t'étouffent. Tout tourne. Tango, étoiles, sorbets à l'orange et au chocolat. Tes baisers ont la saveur de la vanille.

"Mio amore…"

 

Sous les doigts du pianiste, Chopin égrène ses mélodies nocturnes d'oiseau blessé. La salle respire, suspendue à ses doigts. Tes doigts nerveux se croisent aux miens, moites, sur mon genou droit. Promesse pour la nuit qui vient…

 

 

*

*  *

 

 

 "Señor Baltazar!… Señor Baltazar!…"

Le vieil homme se lève lourdement. Il coiffe son chapeau et repart dans la nuit chaude. Des éclairs zèbrent le ciel. Il tonne. Baltazar s'enfonce dans la nuit, s'appuyant péniblement sur sa canne.

 

 

*

*  *

 

L'arc bleuté crépite sur la ferraille. Le fracas des marteaux pilons. Les cris des ouvriers qui se hèlent. L'odeur spéciale de l'acier. La baguette fond sous la pression intermittente de mon poignet. On m'appelle. Je pose mon bouclier de quartz.

Tout bascule.

Jeanne!

Non! Ce n'est pas possible! Impossible. Juana! Il mio amore!…

Per che tu ?…

 

.../...