Pauline



 

 

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Je me suis rendu à la fontaine. Elle sourd toujours en murmurant son petit chant en son creux de fraîcheur. Des papillons fragiles et gracieux y voletaient. Ils se sont éparpillés dans un rayon de soleil à mon approche. J'ai bu à même les paumes de mes mains formées en coquille, comme autrefois. Et cette eau froide et pure avait ce léger goût de la terre d'ici, ocrée et forte.

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Je n'ai pas vu le temps passé. J'ai senti que la brise avait fraîchi. Au couchant, le ciel était mauve et orangé. J'ai resongé à ce conte d'Alphonse Daudet que me racontait tante Pauline avant de m'endormir : la petite chèvre avait gambadé dans l'herbe folle toute la journée, et quand le soir tomba, la brise avait fraîchi. Un long hurlement avait déchiré le crépuscule…Elle avait lutté toute la nuit…Puis était tombée, épuisée, dans les hautes herbes et la menthe, au point du jour….

 

Et moi, j'ai refermé les volets et les portes. Je me suis retourné avant de partir. La maison m'a semblé moins triste. Il y avait comme une promesse dans l'air. Je savais et elle aussi, que je reviendrais, et ce jour-là, ce serait pour longtemps.

 

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